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FIGURES HERMINOISES

Michel Philippe TILLIER (1852-1835)

26 Décembre 2009 , Rédigé par André Bujeaud Publié dans #Maire Sainte-Hermine

  

         Philippe Tillier (26 ans), originaire de Théneuille en Bourbonnais (Allier) avait épousé, le 31 juillet 1743, Françoise Berthelot (18 ans 1/2) à l’Église Sainte-Marie-Madeleine de Chaillé-les-Marais. Il était maître chirurgien dans le bourg de Chaillé, elle était originaire de la région.

         En 1752, après plus de 9 ans de mariage, le couple n’avait pas encore d’enfant, aussi lorsque vint au monde un nouveau-né, ce fut la fête en ville, ainsi que le rapporte la tradition familiale par la plume de Jeanne Grimaux. M. Tillier fit mettre en perce une barrique de vin sur la place principale.

 

         L’enfant tant désiré est Michel Philippe Tillier. Il est né le 26 décembre 1752 et a été baptisé le lendemain par le vicaire F. Pouquet.

         C’est un adolescent intelligent, aussi comme son père et son grand-père, il va entreprendre des études médicales.

         Durant l’année 1771, il est en apprentissage à l’hôpital de la Marine à Rochefort. Son diplôme obtenu, il retourne à Chaillé-les-Marais et s’y installe comme médecin de campagne, où son père avait exercé.

 

         Il se marie le 26 octobre 1779 avec une jeune fille du pays de 17 ans, Rose Martineau.

         Le couple a deux garçons :

-  Pierre François Philippe Honoré, qui est né en 1780. Il sera militaire, aide de camp du maréchal Brune, puis, rendu à la vie civile, se convertira à l’agriculture.

- Hilaire François Prosper, né en 1781. Il fera des études de peinture à Paris et sera juge de paix à Pouzauges.

 

 Tillier Prosper-Femme-3enfants copie ret&

La  famille Tillier vers 1808

Michel Philippe est au centre

 

         En 1785, il adresse trois mémoires à la Société royale de Médecine sur une épidémie de fièvre catarrhale bilieuse.

         À l’époque, dans la région de Chaillé-les-Marais, les fièvres palustres et les maladies pulmonaires sont fréquentes dans les marécages insalubres. Aussi, il va se spécialiser dans le soin des hydropisies et des épanchements pleuraux. Par la suite, il décrira les symptômes et proposera plusieurs traitements, expérimentés sur place.

         En 1787, il rédige un document sur la « Topographie médicale de Chaillé-les-Marais et des marais circonvoisins » qui fait le point sur l’état sanitaire des Chaillezais et le contexte local. Ce mémoire est admis à être présenté à la Société royale de Médecine de Paris. Lors de la séance publique du 27 février 1787, au Louvre, il obtient une mention honorable.

         Sa réputation, en tant que spécialiste des hydropisies, s’étend au-delà du département et le livre qu’il fera publier en 1804 donne maints exemples de sa renommée.  Il se forge une très belle clientèle et est le médecin titulaire et l’ami des bénédictins de la contrée.

            En tant que syndic de Chaillé, en 1788, il adresse à l’Assemblée d’élection de Fontenay un mémoire sur la pauvreté dans sa commune, la mendicité et les mauvaises récoltes, ainsi que sur l’état désastreux des routes.

         Durant l’hiver 1793-1794, à Fontenay-le-Comte, sévit une épidémie catarrhale, aussi il adresse au Conseil de la commune des recommandations pour l’éradiquer.

 

Tillier Michel Philippe 

Michel Philippe Tillier

peint par son fils Prosper

        

         C’est un démocrate incontesté, aussi lorsqu’éclate la Révolution, il soutient les réformes et s’engage politiquement.

         Notable probe, il est nommé juge de paix, puis en septembre 1792 est désigné comme électeur du canton de Chaillé-les-Marais.

         Le 5 février 1793, le Directoire le nomme commissaire, chargé d’organiser la garde nationale du canton et celles de Saint-Michel-en-l’Herm et de Luçon. Son action n’est pas une sinécure car en mars ces villes du Sud-Vendée sont menacées par l’avancée des insurgés royalistes.

         Fin 1793, la révolte vendéenne semble jugulée après la défaite de Savenay (23 décembre).         La gestion du département doit être reprise en main. En janvier 1794, il est promu administrateur du district de Fontenay par le représentant du peuple, Ingrand, chargé des mesures de salut public en Vendée et dans les Deux-Sèvres ([1]). Tillier a été choisi car il s’est montré ferme, énergique, au jugement sûr et d’un patriotisme incontestable.

         Ce même mois, le général Turreau commence à appliquer la politique d’extermination des rebelles. Ses Colonnes infernales brûlent tout sur leur passage, massacrent les habitants du bocage et des régions environnantes. Cette façon d’agir, à l’aveuglette, est jugée scandaleuse et inefficace par les républicains locaux, d’autre part elle compromet toute tentative de paix.  Aussi les Sociétés populaires de Fontenay, de La Châtaigneraie, de Luçon et des Sables décident, le 1er mars, d’envoyer aux représentants du Comité de salut public dans l’ouest, une délégation composée de Tillier, de Vincent Chapelain de Châteaumur et Fidèle Lemercier de Fontenay. Leur mission  est de protester contre  les agissements des troupes de Turreau, de modifier les zones de répression et de solliciter des secours pour les patriotes réfugiés.

         Le choix des localités à détruire a été déterminé en se basant sur des rapports inexacts adressés à la Convention. En effet, les ordres de Turreau comprennent la destruction d’une quarantaine de villes de la Basse Vendée restées républicaines, comme Sainte-Hermine, le Simon, la Réorthe, Sainte-Gemme, Saint-Jean-de-Beugné,  les Moutiers, Corps, Bessay,  la Claye, les Magnils.

         C’est avec difficulté que les trois hommes arrivent à joindre les délégués à Nantes. Bien qu’ils soient écoutés avec intérêt, les responsables semblent ne pas être décidés à modifier les territoires de la répression. Il est évident que ces derniers ne connaissent pas la situation des Vendéens restés fidèles et des réfugiés dans le sud du département.

         Le temps presse, les docteurs Tillier et Chapelain décident de se rendre immédiatement dans la capitale. Le 24 mars, accompagnés du député Lequinio, les deux médecins partent pour Paris, porteurs d’un mémoire pour le Comité de salut public et d’une adresse à la Convention.

         Le mémoire révèle que les représentants du peuple sont dans les villes périphériques de la Vendée : Nantes, Angers et Saumur, et jamais véritablement sur place,  ils ignorent les mentalités et les véritables problèmes locaux.

         Le document préconise de faire cesser les incendies et les tueries, car au lieu d’affaiblir les rebelles, ils galvanisent leur détermination et leur audace ; de limiter la zone de répression en distinguant les Vendéens insurgés de ceux restés fidèles à la République. D’autre part il propose qu’un cordon des troupes soit disposé à la périphérie du pays insurgé, pour protéger les patriotes et leurs biens.

         Après avoir rempli leur mission auprès du Comité, Tillier et Chapelain rentrent à Fontenay en ayant la certitude d’avoir été entendus et compris.

         À la suite de cette intervention, le Comité de salut public envoie sur place d’autres chargés de mission vérifier la pertinence du mémoire.

         L’enquête ayant confirmé les vues du rapport, Turreau devient suspect et il est destitué en mai. Trois mois plus tard, c’est la fin de la Terreur.

 

 Tillier père2

Signature de Michel Philippe TILLIER

 

         L’action des deux délégués de la Vendée a donc permis de limiter les exactions des Colonnes infernales ; malheureusement plusieurs hameaux et villages fidèles seront dévastés. 

         Lors du procès de Turreau, qui a eu lieu au Châtelet de Paris en décembre 1795, ce dernier fut acquitté et Chapelain, qui était là en tant que témoin principal, fut hué par la foule. Certainement, Tillier devait être également présent, il a dû en sortir humilié. On comprend qu’il évitera par la suite de s’occuper des choses publiques et n’hésitera pas à aller pratiquer ailleurs.

 

         Rentré à Chaillé, Michel Philippe Tillier reprend ses activités de médecin pour peu de temps, car vers 1797, il s’installe avec sa femme dans le bourg de Sainte-Hermine ([2]), où il continue à exercer la médecine. Le motif de ce déplacement semble être uniquement professionnel. Dès son arrivée, il s’intéresse à l’agronomie et achète plusieurs terres et prairies. Son fils, Pierre, viendra le rejoindre peu après son mariage. Ce dernier, lui aussi va se lancer dans l’agriculture et créer le premier Comice agricole de Vendée.

         Sur le registre des délibérations de la commune, on découvre  que le docteur Tillier fut conseiller municipal.

         En 1804, il fait paraître son traité sur les hydropisies ([3]), fruit de nombreuses années d’expérience.

                 

 

 

         La fin de ce livre rapporte 22 observations qui s’étalent de 1778 à 1800. La renommée du docteur Tillier est grande car ses patients sont originaires de villes souvent fort éloignées. Pour la Vendée, on relève : Maillezais, Fontenay-le-Comte, Longèves, Benet, Les Sables d’Olonne, Saint-Martin-des-Fontaines, Sainte-Gemme-la-Plaine, Saint-Jean-de-Beugné, Jard, Foussais, Nalliers et Le Gué-de-Velluire ; pour les départements proches : La Rochelle, Usseau, Nantes, Mauzé et Niort.

 

         Il est mort à l’âge de 82 ans, le 20 septembre 1835, dans son domicile et inhumé dans l’ancienne nécropole de Sainte-Hermine. Lors de la création du cimetière actuel son corps est transféré dans la partie attribuée aux catholiques.

                                                                                              A. B.

 

Tillier1 MP
Tombeau de Michel Philippe Tillier 

Cimetière communal

 

 

 

 

 

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[1] - L’action de Tillier à cette époque nous est connue grâce à l’œuvre monumentale sur la Guerre de Vendée de l‘historien Charles Louis Chassain (1831-1900). Nous avons également utilisé divers livres sur les guerres de Vendée, plusieurs articles dans les revues Olona et Autrefois Chaillé-les-Marais (J. Sultan), l’états civil en ligne des Archives départementales et nos archives familiales.

[2] - Son nom figure pour la première fois sur un acte de mariage en juin 1797. Un autre document, du 1er mars 1798, indique « Michel Philippe Tillier, officier de santé ». Comme c’est un acte de naissance, on est en droit de penser que c’est lui qui a effectué l’accouchement.  Il est probable que c’est rue du Moulin qu’il habitait. Sa femme y est morte en 1839 et son petit-fils, le Dr Henri Tillier, y exercera la médecine.

[3] - " Traité des hydropisies, ascite et leucophlegmatie qui règnent dans les marais du département de la Vendée, suivi de quelques observations particulières sur ces maladies, faites dans les pays circonvoisins" (296 pages) à Paris, chez Croullebois libraire. Imprimé chez A. Egron, an XII -1804

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