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FIGURES HERMINOISES

Eugène BOUTET (1804-1883)

17 Décembre 2009 , Rédigé par André Bujeaud Publié dans #Sainte Hermine

 

Eugène  Boutet

1804-1883

 

Cette biographie a été écrite par sa petite-fille, Jeanne Grimaux, en 1910.


        

Mon grand-père maternel, Eugène Boutet, n'avait pas de profession. Il avait un goût prononcé pour la botanique et les sciences naturelles en général et il aurait voulu étudier la médecine, non pour être médecin, mais pour poursuivre en suite l'étude des sciences naturelles. Il y renonça pour ne pas contrarier sa mère, qui craignait pour lui les dangers des études médicales ; mais il regrettait encore dans sa vieillesse de n'avoir pu suivre sa vocation.

Pour faire plaisir à son père, il fit ses études de droit, quoiqu'il eut le droit en aversion. Droit ou médecine, à cette époque là, dans notre contrée, on ne voyait guère d'autre alternative pour un jeune homme de famille bourgeoise. Ses études de droit terminées, mon grand-père revint dans sa famille, en Vendée et bientôt se maria.

Il s'établit alors à Sainte-Hermine et y passa tout le reste de sa vie, sans jamais cesser de cultiver son esprit et de s'intéresser aux grandes questions politiques et sociales qui ont agité le XIXe siècle.

 

 

1-marronniers 

Maison des Boutet,  à l’angle des rues de l’Anglée et des Marronniers

        

De religion protestante par son père et sa mère, qui appartenaient l'un et l'autre à des familles protestantes qui avaient subi les persécutions du règne de Louis XIV, il avait hérité les meilleurs traditions protestantes : la fidélité, la conscience, la simplicité et la dignité de la vie. Personnellement il appartenait au protestantisme libéral, le plus libéral, libre-penseur en fait, si ce n'est de nom.
Républicain sincère, mon grand père fut inscrit sur les listes de proscription en [1851-1852].          S'il ne fut ni déporté, ni emprisonné, ni exilé, c'est qu'il se trouva un magistrat courageux, le procureur de la République de Napoléon Vendée, qui n'exécuta pas les ordres reçus et osa répondre au ministre : « la liste que vous m'envoyez contient les plus honnêtes gens du département ». Peut-être aussi d'après un article que j'ai lu récemment à propos des républicains du département de la Loire Inférieure, les auteurs du coup d'état de décembre renoncèrent-ils à poursuivre les républicains de Vendée, d'ailleurs bien peu nombreux et bien impuissants, pour ne pas enlever un contrepoids à l'influence des légitimistes encore nombreux dans la région. Mais ce fut l'exil à l'intérieur, et pendant toute la durée du Second Empire, mon grand-père resta un suspect.

 

 

 

2-Boutet Eugène
Eugène Boutet

Photo J. Robuchon, Fontenay

 

Très sensible et très bon, il eut beaucoup à souffrir à la même époque de la rupture avec d'anciens amis qui, libéraux sous la restauration, prirent peur du Spectre rouge et les partageux de 1848 et pour lesquels tout républicain était désormais un homme dangereux.
Esprit délicat et cultivé, caractère désintéressé, d'une grande élévation morale, mon grand-père maternel avait eu sur mon père, encore très jeune, lors de son mariage, une influence à laquelle celui-ci aimait à rendre hommage. J'ai entendu plus d'une fois mon père dire qu'il devait beaucoup à son beau-père, pour lequel il avait du reste une affection vraiment filiale. »

 

                                                                           Jeanne Grimaux

           

 

3-Grimaux Jeanne 1859 album
Jeanne Grimaux

1859-1926

           

L’auteur de ce texte, Jeanne Grimaux, est la fille du chimiste Edouard Grimaux. Née en 1859 à Sainte-Hermine, elle est décédée à l’Auneau de Chantonnay et  enterrée au cimetière protestant de Sainte-Hermine.

 

Nous voulons, toutefois, ajouter quelques précisions.

Alexandre "Eugène" Boutet voit le jour le 17 novembre 1804 à Sainte-Hermine. Il est le fils de  Pierre Alexandre Boutet, négociant et propriétaire, et de Marie-Anne Bouquet.       Après de brillantes études de droit, il épouse en 1831 à Sainte-Hermine Sophie Tillier, fille de Pierre Tillier, ancien aide de camp du maréchal Brune et président fondateur du Comice agricole de Sainte-Hermine.

Le ménage a eu trois enfants : Camille, mort jeune ; Léontine, future Mme Grimaux et Louise qui a épousé Jérôme Bujeaud.

Son petit-fils André Bujeaud nous a laissé quelques précisions :  « Homme d’une vive intelligence, mais d’une extrême modestie, l’esprit ouvert aux questions sociales, passionnés pour les idées phalanstériennes ([i]) qu’il chercha à appliquer dans son milieu ».

Démocrate convaincu, en 1849, ses amis républicains lui demandent de se présenter à la députation, bien que très flatté, ne sentant pas capable de remplir ce mandat,  il refuse. En novembre 1870, un décret du nouveau préfet le nomme maire de Sainte-Hermine, mais à ce moment il est souffrant, c’est son neveu Ernest Châtelain qui occupera la mairie. Cette même année, il accepte de poser sa candidature aux législatives, mais l’élection est reportée à cause des évènements, c’est son gendre Jérôme Bujeaud qui se présentera.

Eugène Boutet est décédé d’une hémorragie cérébrale le 2 août 1883, à l'âge de 78 ans. Il est inhumé le surlendemain au cimetière protestant de Sainte-Hermine.


[i] - Phalanstère: société harmonieuse où les membres trouvent le bien-être dans le travail attrayant et librement consenti. Doctrine utopique de Charles Fourier (1772-1837). Internet met en ligne un site sur les fouriériste et en particulier une page est consacrée à Eugène Boutet. http://www.charlesfourier.fr/article.php3?id_article=486

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