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FIGURES HERMINOISES

Edouard GRIMAUX (1835-1900)

18 Novembre 2009 , Rédigé par André Bujeaud Publié dans #Sainte Hermine

Édouard Grimaux est né en 1835 à Rochefort-sur-Mer, au sein d'une famille modeste. Son père était pharmacien de Marine et professeur de botanique à l'École navale de Santé de cette ville.
Il fait ses études classiques à Rochefort et à Saintes, puis il suit les cours de pharmacie à l'école où son père enseignait.
En 1853, il est reçu pharmacien de 3e classe et nommé à l'hôpital militaire de Toulon. Après le décès de sa sœur ainée Émilie, malade, il regagne Rochefort, où il poursuit sa carrière hospitalière.
Lors de vacances chez un ami, en Vendée, il fait la connaissance de sa future femme Léontine Boutet, issue d'une famille de la bourgeoisie terrienne protestante locale. Ils se marieront en 1857 à Sainte-Hermine, où habitaient ses beaux-parents.
Ayant donné sa démission de la Marine l'année suivante, il s'installe avec son épouse près de sa belle famille et se lance dans la littérature.
Pendant quelques temps, il collabore avec Jérôme Bujeaud son ami et futur beau-frère, à la rédaction de pièces de théâtre. Mais très vite, malgré son talent indéniable d'écrivain, il comprend la difficulté de vivre de sa plume, aussi décide-t-il de continuer ses études de pharmacien à Paris.
En 1861, il obtient le diplôme lui permettant de tenir une pharmacie de ville et rachète une officine à Sainte-Hermine. Il y exercera de 1861 à 1867.
Lors de ses cours à la Faculté de Pharmacie de Paris, il a comme professeur de chimie Alfred Naquet. Celui-ci, reconnaissant les dons scientifiques de son élève l'incite à faire sa médecine et à passer son agrégation ; ainsi il pourrait envisager une situation comme chercheur et professeur de chimie.
Durant les loisirs que lui laissent sa profession d'apothicaire de province, il étudie les livres que Naquet lui avait conseillé d'emporter et met en pratique ses lectures. Il aménage dans son arrière-boutique un laboratoire de fortune et entreprend ses premières expériences de chimie.
Quand il se sent prêt, Grimaux retourne dans la capitale parachever son instruction et passer ses examens. En tant qu'ancien pharmacien de la Marine, il obtient facilement les inscriptions gratuites et les dispenses de stages auxquelles il a droit ; ce qui lui permet de passer rapidement ses diplômes. Docteur en médecine en 1865, il est reçu à l'agrégation de chimie l'année suivante.
En 1867, après avoir revendu sa pharmacie, il vient habiter à Paris avec sa famille, car il est promu professeur à l'École de Médecine. Au laboratoire de cette Faculté il débute des recherches de chimie organique dans la série aromatique. Ses travaux ainsi que ses exceptionnelles qualité d'enseignant le font remarquer par ses supérieurs : Adolphe Wurtz, Auguste Cahours, Henri Sainte-Claire Deville et Jean-Baptiste Dumas.

Lors de la guerre de 1870, après les premières défaites de l'armée impériale, en vacances en Vendée, il regagne Paris et s'engage comme garde national pour défendre la capitale qui vient d'être investie. Il monte la garde sur les fortifications et lors de ses loisirs, en tant que médecin volontaire, il soigne les réfugiés et les blessés. Il participe également à la fonte de canons avec ses amis chimistes de l'Université.
Quand la paix est revenue, il repend son poste professoral et obtient pour 1870 le tiers du prix Jecker décerné par l'Académie des Sciences. Cinq ans plus tard, il en est à nouveau le lauréat, mais dans sa totalité.
Admirable pédagogue, il publie en 1872 et 1874 deux manuels de chimie pour ses élèves.
En 1874, il est nommé sous-directeur du laboratoire de chimie à la Sorbonne ; il y poursuit d'importants travaux sur la série urique. Il en est récompensé par la médaille d'or de l'Académie royale des Sciences de Belgique (1876) et est fait docteur in honoris causa de l'Université de Leyde (Pays-Bas).
Après un brillant concours en 1876, il est désigné comme professeur de chimie générale à l'Institut Agronomique.
Depuis 1875, il était répétiteur adjoint de chimie à l'École Polytechnique, il deviendra répétiteur (1877), puis professeur et titulaire de la chaire de chimie en 1881, poste qu'il occupera jusqu'à sa destitution en 1898, suite à son engagement lors de l'affaire Dreyfus.
Il est reçu docteur ès Sciences physiques en 1877.
Membre du Comité consultatif d'Hygiène publique de France depuis 1882, il est le rapporteur de plusieurs enquêtes concernant les problèmes de pollution, d'hygiène, de salubrité et d'écologie.
Décoré de la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1880, il reçoit la rosette d'officier en 1895.
Grimaux est désigné par trois fois comme président de la Société Chimique de Paris (1881,1890 et 1900).
À Nantes, en 1898, il préside le Congrès de l'Association française pour l'Avancement des Sciences.
En 1894, récompense suprême pour un scientifique, il est élu membre de l'Académie des Sciences (Institut de France).
Outre les nombreuses publications exposant ses magnifiques travaux de laboratoire en chimie organique (sur la série urique, l'acide citrique, les colloïdes et les substances albuminoïdes, les hydrates de carbone, la morphine, la codéine, la quinine, les colorants et les parfums, etc.), il se fait l'apôtre de la nouvelle « théorie atomique » et ne manquera pas de la défendre et de la propager, malgré l'opposition des maîtres de l'Université, adeptes de la notation en équivalents, devenue obsolète.
Reprenant la plume de sa jeunesse, Grimaux devient le biographe de Lavoisier (1743-1794), le créateur de la Chimie moderne et s'attache aussi à faire connaître la vie et l'œuvre des chimistes précurseurs : Jean Rey (1583-l645), Pierre Bayen (1725-1798), Auguste Laurent (1807-1853), Charles Gerhardt (1816-1856), Auguste Cahours (1813-1891), Adolphe Wurtz (1817-1884), etc.
Il fait éditer la suite des Œuvres de Lavoisier, tomes V et VI (1892 et 1893), commencées par Jean-Baptiste Dumas en 1863.
Républicain convaincu, il est l'ami de Léon Gambetta et de Georges Clemenceau. Il a fait connaissance de ce dernier en Vendée à l'époque où Grimaux était pharmacien d'officine. Ils se voyaient alors journellement et allaient à la chasse ensemble. Ils passeront leur doctorat en médecine la même année à Paris. Grimaux lors du siège de Paris, fut nommé par son ami Clemenceau, adjoint à la mairie de Montmartre.
En 1897, Édouard Grimaux se présente aux élections sénatoriales de Vendée, en tant que candidat de la gauche, contre le conservateur Paul Le Roux. S'il n'a pas été élu, son score était pourtant très honorable (415 voix contre 459).
Comme beaucoup d'intellectuels, il ne croit pas en la culpabilité du capitaine Alfred Dreyfus, jugé et condamné en 1894 pour espionnage. Aussi en janvier 1898, Grimaux signe une des pétitions à la Chambre des Députés qui demandent des explications et la révision du procès.
Lors du procès Zola, épisode médiatique de l'Affaire, Grimaux est témoin de moralité. Après sa déposition, le 15 février 1898, il est destitué de sa chaire professorale de l'École Polytechnique, qui dépend du ministère de la Guerre.
Injustement privé de son cher laboratoire et meurtri par les insultes de ses ennemis anti-dreyfusards, Grimaux tombe gravement malade. Atteint de sclérose artérielle, il souffre d'intenses crises de névralgie que les traitements n'arrivent pas à soulager.
En mai 1900, il est suivi dans la maison de Santé du Dr Magnan à Suresnes. Il y décède le 2 mai d'une hémorragie cérébrale à l'âge de 65 ans.
Son corps est incinéré trois jours plus tard et ses cendres sont déposées au columbarium du Père-Lachaise.
Après la mort de sa fidèle Léontine, son urne funéraire est inhumée, en 1926, dans la sépulture de sa femme au cimetière protestant de Sainte-Hermine.
Sept ans après son décès, à l'initiative de la Ligue des Droits de l'Homme, dont il avait été le vice-président et de la ville de Rochefort, il est décidé de rendre un hommage réparateur à l'enfant du pays en élevant un monument en son honneur. Cet édifice érigé square Parat sera inauguré le 11 août 1907 par le ministre de la Guerre, le général Picquart.
Lors de la 2e guerre mondiale, la statue en bronze du savant est enlevée et le socle supprimé.
Aujourd'hui, il ne reste à Rochefort, sa ville natale, qu'une rue et un lycée portant le nom d'Édouard Grimaux.

La biographie d'Édouard Grimaux est aimablement communiquée par André Bujeaud (Publié dans la revue du Cercle Généalogique d'Aunis et Saintonge N° 895)

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